Les Montagnais forment la nation
autochtone la plus populeuse du Québec. Avant la colonisation, ils
occupaient un immense territoire longeant la Côte-Nord et le
Saguenay,
englobant les terres jusqu'à la hauteur de Schefferville. Selon des
témoignages issus de la tradition orale, les Montagnais côtoyaient les
Inuit de façon plus ou moins harmonieuse jusqu'à ce que ces derniers se
replient au nord, en 1760. Au XVe siècle, les Montagnais ont établi les
premiers contacts avec des baleiniers et des morutiers européens venus
pêcher sur les côtes et établir des campements temporaires.
Très tôt, ils nouèrent avec les Européens des relations basées sur le
commerce des fourrures, ce qui les amenèrent à modifier leur mode de vie
traditionnel nomade pour s'adonner quasi exclusivement au piégeage des
animaux à fourrure. La tradition orale montagnaise conserve de nombreux
détails sur cette période. On raconte par exemple que les Montagnais et
les Français avaient conclu une entente permettant à ces derniers
d'occuper certaines terres en échange de farine, afin de prémunir les
Montagnais contre les famines chroniques. Ainsi, dans les récits, il est
souvent question l'époque pré-farine.
À l'époque pré-farine, les Montagnais pratiquent une économie de
subsistance tirée des ressources fauniques abondantes. Ils utilisent les
peaux et les os pour se confectionner des vêtements et des armes. Ë
l'époque pré-farine, ils échangent leurs pelleteries contre du saindoux,
du thé, du beurre, de la toile et des armes à feu. Le clergé a tôt fait
de s'établir à proximité des postes de traite pour agrandir la famille
chrétienne. Dès 1632, les jésuites ouvrent leur première mission chez
les Montagnais. Ë la fin du XVIIIe siècle, la Compagnie de la Baie
d'Hudson exploite plusieurs postes de traite en territoire montagnais.
Au cours du XIXe siècle, l'exploitation forestière supplante le commerce
des fourrures. Cette nouvelle activité, combinée au peuplement de la
vallée du Saint-Laurent, dépossède les Montagnais de nombreux
territoires de chasse. Ils se replient alors vers le nord de leur
territoire mais en vain, car la colonisation les rejoint bientôt
jusqu'au lac Saint-Jean.